Editorial - Le nouveau Protocole Standard Prion est-il une avancée suffisante?

Le mot PRION est l’acronyme de Protéine Particule Infectieuse. Découverte par l’équipe de Stanley Prusiner (prix nobel 1997), cette protéine est à l’origine d’encéphalopathies spongiformes transmissibles dont les formes humaines les plus répandues sont la maladie de Creutzfeldt-Jakob forme classique (MCJ) et le nouveau variant (vMCJ). Depuis 1995, la France ainsi que d’autres pays d’Europe ont mis en place des mesures de prévention du risque de transmission iatrogène de ces maladies par l’intermédiaire d’ instruments chirurgicaux. Pour la France, l’interdiction d’utiliser des aldéhydes du fait de leurs propriétés fixantes des protéines et l’application du 134 °C – 18 min. comme paramètre de stérilisation pour la vapeur d’eau saturée ont été les deux premières mesures mises en oeuvre. Reconnu ultérieurement d’efficacité partielle pour inactiver ces protéines, d’autres procédés sont venus compléter l’incontournable 134 °C – 18min. En 2011, une méthode commune et standardisée pour l’évaluation des produits et procédés inactivant a été proposée par l’agence nationale de sécurité du médicament (Ansm) sous le nom de protocole standard prion (PSP). Bien que nécessaire pour évaluer comparativement les produits ou procédés revendiquant une action inactivante, ce protocole a fait l’objet de nombreuses critiques. Parmi celles-ci, l’utilisation d’une souche de scrapie (263K) chez le hamster syrien a montré sont insuffisance pour représenter le comportement d’une souche humaine. Giles et al en démontrant le comportement différent des souches prions aux procédés d’inactivation recommandent que chaque procédure d’inactivation soit validée par des essais sur les souches pour lesquelles celles-ci sont destinées. Parallèlement, les techniques analytiques de détection des protéines prions ont largement évoluées et des techniques d’amplification telle que la PMCA offrent une plus grande sensibilité et spécificité de détection. Ces méthodes permettent la détection de protéines anormales dans l’épithélium olfactif, les urines et très probablement à partir de test cutanés (Cleveland, OH, Etats unis). Du fait de l’évolution des données scientifiques, l’Ansm vient de publier le PSPV2018 en intégrant pour les tests in vivo, l’évaluation de l’efficacité sur une souche humaine de la MCJ et un modèle transgénique de souris humanisée, et en associant une technique d’amplification pour les essais in vitro. Les fabricants disposent dorénavant d’un délai de 3 ans pour valider leurs produits ou procédés selon ce nouveau protocole. Avec 228 cas mondiaux de vMCJ, il semblerait que l’épidémie soit contenue selon les modèles les plus optimistes (< 300 cas) mais d’autres amyloïdoses telles que la maladie d’Alzheimer, l’angiopathie amyloïde cérébrale seraient dues à un mécanisme « prion like ». Ces peptides bêta-amyloïde présent dans les amyloïdoses ne seraient-ils pas les vecteurs infectieux de ces pathologies ? Une potentielle transmission inter-humaine par le biais d’instruments chirurgicaux ne serait-elle pas à évaluer ? Ainsi le PSPV2018 nous apportera des procédés efficaces sur les souches humaines de MCJ mais ne devrions-nous pas étudier de façon simultanée l’action de ces mêmes produits sur ces protéines au comportement « prion-like » ?

C. Lambert

04/2018

Photo: SF2S

 

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