Pathogènes émergents : Les virus de la grippe

Par grippe, nous entendons ici la «vraie grippe», une maladie infectieuse causée par les types A, B et C de Myxovirus influenzae. On désigne également par le terme de grippe des infections virales qui sont en réalité causées par d'autres virus (par ex., les rhinovirus) et qui sont pour l'essentiel sans danger. Il s'agit le plus souvent d'un «rhume banal». Organisme causalLes virus de la grippe sont des virus à enveloppe appartenant à la famille des orthomyxovirus. Il en existe trois types : le Type A s'observe chez l'homme mais aussi chez diverses espèces animales (par ex., oiseaux, porcins), alors que les Types B et C provoquent des infections principalement chez l'homme. Parce qu'ils ont une enveloppe lipidique, les virus de la grippe ne sont pas très stables à l'extérieur de leur organisme hôte et sont facilement détruits par les détergents ou les désinfectants. 

La variabilité antigénique des virus de la grippe est considérable : on dénombre 16 hémagglutinines (H1 à H16) et 9 neuraminidases (N1 à N9) différentes, lesquelles peuvent se présenter en combinaisons variées. Les variants H1N1 et H5N1 en sont des exemples bien connus. Cette propriété résulte de l'échange de segments géniques, appelé saut antigénique. D'un autre côté, le taux de mutation est très élevé chez les virus de la grippe, de l'ordre 1/10 000, ce qui donne lieu à l'apparition de nouveaux antigènes. Ce phénomène est appelé dérive antigénique.

Voies d'infectionLe virus se transmet – dans des gouttelettes de sécrétions – soit par voie aérienne (infection par particules en suspension dans l'air), soit par contact (de la main) avec la muqueuse de la bouche, du nez ou des yeux (infection par contact). Les plus grosses gouttelettes libérées par un éternuement ou une toux ont une portée de 2 m seulement. Toutefois, lorsque le composant liquide de la gouttelette s'évapore rapidement, par exemple dans un air intérieur sec et chauffé, le virus (sous forme de particules) reste longtemps en suspension dans l'air. Une ventilation transversale brève (ventilation-choc) permet de réduire la concentration des aérosols dans l'environnement ; le fait d'augmenter l'humidité ambiante prévient la formation de particules en suspension tout en réduisant la sécheresse des muqueuses.Souvent, la transmission s'effectue par contact avec des personnes infectées (poignées de mains, baiser sur les lèvres ou la joue) ou avec des surfaces contaminées, notamment dans les lieux publics. Selon l'humidité ambiante, le virus de la grippe peut rester infectieux sur des surfaces pendant une durée allant jusqu'à huit heures, et pendant 20 à 60 minutes dans l'air. Un animal infecté peut transmettre le virus dans des particules d'excréments, y compris lorsque ceux-ci ont séché et se retrouvent dans la poussière, et par les pellicules, les poils ou les plumes qu'il perd.

Manifestations cliniques

La période d'incubation peut aller de quelques heures à quelques jours. On retrouve le virus dans les excrétions avant même l'apparition des symptômes : les personnes infectées peuvent donc être infectieuses avant que les symptômes grippaux ne se manifestent. L'infection se caractérise par la survenue soudaine d'une forte fièvre, de frissons, de maux de tête et de douleurs articulaires, occasionnellement accompagnées de diarrhées et de vomissements. L'infection dure généralement de une à deux semaines, mais la léthargie et la perte d'appétit peuvent se prolonger bien plus longtemps. Le diagnostic formel est posé en détectant les anticorps anti-virus dans le sérum (à partir de la deuxième semaine d'infection) ou au moyen de la détection biomoléculaire du virus dans les sécrétions nasales ou sur un frottis de gorge. Un test rapide est également disponible. Le diagnostic clinique suffit durant une épidémie de grippe.La complication la plus fréquente de la grippe est une infection bactérienne secondaire avec pneumonie, myosite, myocardite ou encéphalite ; il n'est pas rare que la maladie ait une issue fatale.

Traitement

Outre le traitement symptomatique, basé, par exemple, sur une médication antipyrétique et la réhydratation, l'on dispose aujourd'hui de substances antivirales qui, si elles ne préviennent pas l'infection, rendent le cours de la maladie plus bénin et contribuent à prévenir les complications. Ces médicaments ne peuvent être pris que sur prescription médicale, l'une des raisons majeures étant d'éviter le développement de résistances parmi les virus responsables. Parmi les agents antigrippaux, les plus importants sont les inhibiteurs de la neuraminidase qui bloquent la libération des virus par les cellules infectées.

Prophylaxie

Le premier moyen de prévenir la grippe est de se prévaloir d'une immunisation active au cours du mois d'octobre ou de novembre, c'est à dire avant le début de la «saison de la grippe». La composition du vaccin est redéfinie chaque année en raison de la variabilité considérable des virus de la grippe. Le vaccin contient des virus atténués et, à ce titre, ne peut provoquer la maladie. Le vaccin actuellement utilisé dans l'hémisphère nord contient les genres viraux A (H1N1) 2009, A (H3N2) et B. Le fameux «virus de la grippe porcine» est inclus dans la forme du variant H1N1, qui semble avoir déplacé les souches A (H1N1) qui circulaient avant 2009. D'après les données de l'OMS, on observe actuellement une augmentation marquée des infections A (H3N2) aux Etats Unis, alors qu'au Royaume Uni, de nombreux cas dus au variant A (H1N1), dont certains fatals, ont été rapportés en 2009 ; la situation en Europe continentale est similaire. Par ailleurs, il est recommandé de vacciner les enfants et les personnes âgées de plus de 65 ans contre les pneumocoques, car ces bactéries sont souvent responsables des pneumonies secondaires dangereuses que l'on peut observer dans ces deux populations.

Le lavage fréquent des mains, en particulier la désinfection des mains au moyen d'une lotion hydroalcoolique après un contact potentiellement contaminant, est la plus efficace des mesures de prévention. Durant une épidémie de grippe, il faut éviter le contact avec des personnes infectées dans la mesure possible, par exemple en s'abstenant d'assister à des événements publics de grande ampleur ou d'utiliser les transports en commun.On trouvera davantage d'informations sur les sites Internet de l'Institut Robert Koch (Groupe de Travail sur la Grippe) ou de l'Organisation Mondiale de la Santé :http://www.influenza.rki.de (en allemand) http://www.who.int/influenza/fr/index.html

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