Restons pragmatique !

 

Si vous avez récemment avez eu l’audace de vous présenter chez un concessionnaire automobile pour remplacer votre ancien véhicule polluant par un modèle plus écologique, ou plus simplement eu le besoin de renouveler votre électroménager, vous aurez certainement été confronté au discours bien rôdé d’un commercial condescendant vous expliquant les raisons conjoncturelles d’une indisponibilité durable du produit recherché. Il en est maintenant de même pour nos équipements professionnels (laveurs, stérilisateurs, …) et certains consommables (feuilles d’emballage). Ces retards de livraison, ces alternatives proposées n’ont de cesse de perturber l’organisation des soins et leur réalisation dans les établissements de santé. Ces approvisionnements livrés le matin même de l’intervention chirurgicale génèrent inconfort, inquiétude, et mettent en difficulté le médecin utilisateur car ils désorganisent les programmes opératoires et ont une incidence sur la qualité des soins. Si ces défauts d’approvisionnement ont leur origine dans la crise Covid, d’autres raisons, trop classiquement invoquées, sont le transport maritime, la crise des supraconducteurs, et la pénurie de nombreux matériaux provenant pour la plupart d’entre eux d’horizons lointains. Personne ne conteste cette réalité économique qui affecte aujourd’hui de nombreux pays. Cependant, ces excuses bien convenables dissimulent les faiblesses ou les choix de nos fournisseurs. Le choix notamment de ne pas détenir de stock car celui-ci constitue une immobilisation de ressources et diminue la rentabilité de l’entreprise.  Ces entreprises qui fonctionnent « à la commande » auraient certainement besoin d’un coaching commercial. Comment un hôpital engagé dans un projet de restructuration, disposant d’un calendrier de travaux et une échéance d’achèvement peut-il supporté un retard de livraison de 3 mois pour de nouveaux équipements. Ce retard aura une incidence directe sur l’ensemble des prestataires qui devront intervenir en aval de cette livraison : qualification de l’équipement, qualification des locaux … Le plus incroyable, c’est que cette livraison tardive n’est pas le fait premier des motifs évoqués ci-dessus mais plus vraisemblablement d’un ordre de production déclenché lors de la signature du bon d’achat ou pire encore quelques semaines plus tard. Cette logistique en flux tirés (pull system) s’inspire de la méthode kanban développé par l’industrie automobile dans les années 1950. Pour fonctionner, cette méthode nécessite de la part du fournisseur la maitrise de ses approvisionnements et une très grande réactivité. Deux notions fondamentales auxquelles nos fournisseurs ne peuvent plus répondre aujourd’hui !


Il n’est plus acceptable, ni envisageable aujourd’hui de travailler ainsi. Les entreprises doivent revenir sur une logique de flux poussés reposant sur l’existence d’un stock matière s’appuyant sur une production stratégique. Nul besoin d’une formation en marketing pour comprendre que l’attente client se situe dorénavant à ce niveau : la sécurité de l’approvisionnement. Inutile de développer un argumentaire commercial fondé sur une suprématie technologique car le fournisseur gagnant de demain sera certainement celui capable de rassurer par sa capacité à fournir dans la continuité les équipements, les services, les produits que nous avons légitimement besoin dans nos hôpitaux pour garantir la qualité des soins.



Christophe Lambert

Editorial. ZENTRALSTERILISATION 3.2022

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